Des canonnières en bois ?Une enquête à venir...
Le Projet Canonnières d'Europe a longuement permis l'étude des canonnières dans les fortifications de pierre, mais existent-elles dans les fortifications de bois ? Dans les sources du XVe siècle plusieurs occurrences attestent de leur existence. A Bouchain en 1423-1424, une palissade est percée de « traux à traire de canons et arbalestres (A.D.N., B 8586), en 1415 à Orléans, les canonnières du boulevard étaient édifiées avec des « huisseries en bois et des toneaux défoncés ». Ce type d’ouverture est encore utilisé tardivement dans les parapets des remparts (et sur les fausses braies) comme à Cambrai en 1576-1577 où les embrasures sont constituées de planches de bois. Au Quesnoy, l’on perce de 6 à 8 canonnières sur le parapet de la muraille percé de canonnières tenues par des « Littaux et dosses de bois (A.D.N., B10261). S'il est difficile de retrouver les canonnières de bois dans l'architecture, l'iconographie délivre plusieurs exemplaires de ces ouvertures dans les wagenburgs, des chariots de guerres en bois qui pouvaient transporter et utiliser des canons. Evidemment, des ouvertures de tir existent également dans les bateaux de guerre à partir du XVe siècle : on appelle ces ouvertures les sabords. Quoiqu'il en soit les ouvertures de tir pour armes à feu réalisées en bois sont peu connues peu connues de la recherche mais le Projet Canonnières d'Europe mène l'enquête. En attendant, nous vous proposons quelques exemples de ces ouvertures illustrée par l'iconographie contemporaine.
Une des premières représentation de sabord est due à Antonio di Puccio Pisanello, un artiste italien mort en 1455
(Antonio Pisanello, Codex Vallardi, dessin à la plume, première moitié du XVe siècle, Paris, Musée du Louvre)
Une des plus fameuses représentation d'un wagenburg est le Das Mittelalter Haussbuch. Réalisé à la fin du XVe siècle sous les ordres de la famille Schloss Wolfegg, il représente un camp militaire temporaire en pleine installation. Dans la partie inférieure du camp, les canons sont en position armée, positionnés entre deux portes percées d'archères-canonnières.
(Das Mittelalter Haussbuch, Maitre du Livre de Maison, v 1480 f°53r et 53v, Bibliothèque municipale de Munich)
A la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle, les représentations d'ouvertures de tir en bois affluent dans l'espace germanique. Celles-ci semblent particulièrement courantes dans les engins de sièges temporaires comme ici les radeaux de guerre.
(BremgartenStadtarchiv Bremgarten Bucherarchiv Nr 2 – Werner Schodoler, Eidgenössische Chronik f. 106v)
Le plus souvent ces ouvertures de tir sont représentées sous la forme de petites embrasures triangulaire. Il s'agit d'un héritage venu tout droit d'Europe de l'Est. Dans ces régions, cette forme est même antérieure à l'arrivée de l'arme à feu en Europe et était donc probablement déjà en usage pour l'utilisation de l'arbalète au début du XIVe siècle.
(The capture of Ribodane in 1475- British Library Royal 14 E. IV - Folio 281v. France Attribution Master of the Vienna and Copenhagen Toison d’Or)
C'est toutefois dans l'architecture militaire que ces formes semblent le plus importantes (en tout cas d'après les sources) ici le Feuerwerksbuch de Martin Merz nous présente un exemple de ces ouvertures dans le parapet de l'ouvrage d'entrée d'un château.
(Feuerwerksbuch. Martin Merz, Bayeriche Staatsbibliothek BSB Cgm 599 (1473) p.125)
Ces ouvertures de tir se retrouvent également dans les fortifications de terre, comme c'est le cas ici. A nouveau le Feuerwerksbuch de Martin Merz permet de rendre compte de l'importante part des fortifications qui ne nous est jamais parvenue.
(Feuerwerksbuch. Martin Merz, Bayeriche Staatsbibliothek BSB Cgm 599 (1473) p126)