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Découverte d’un type d’ouverture inédit de tir au château d’Orbe en Suisse.

Avec l’apparition progressive de l’arme à feu en Europe, les châteaux médiévaux s’adaptent peu à peu afin d’intégrer la nouvelle arme à leurs défenses. Les premières pièces d’artillerie sont d’abord reléguées aux terrasses sommitales des tours et aux parapets des courtines. Dès le début du XIVe siècle, les armes à feu seront ensuite utilisées dans les baies de jours et les fenêtres, comme en atteste une des illustrations du De nobile sapiente, daté de 1326 . Généralement, le canon est alors placé sur un affût en bois (semblable à celui des espringales) et simplement mis en allège de la baie. Cette construction est de loin la plus simple et la plus répandue . Cette forme d’ouverture, appelée « fenêtre-canonnière » évoluera en deux formes. La première, appelée « fenêtre à canonnière » ce présente sous la forme d’une baie pourvue d’une canonnière dans sa partie interne. La seconde, appelée « archère-canonnière » est dérivée de l’archère médiévale dans laquelle une ouverture circulaire est aménagée afin d’y placer le canon d’une arme à feu.

Ci-dessus : Walter de Milmete, De nobile Sapiente. Ca 1326, Chrit Church College. Oxford, ms. 92, Fol 70v.

Ci-dessus : Siège d’une ville, Besançon-BM, MS. 1306, f°061.



Ces trois formes sont celles qu’il est généralement possible d’observer dans les structures défensives aménagées à l’arme à feu entre la seconde moitié du XIVe siècle et la première moitié du XVe siècle. Toutefois, une forme d’ouverture transitive, témoin du passage entre la fenêtre-canonnière et l’archère-canonnière a récemment été découverte au château d’Orbe, dans le canton de Vaud, en Suisse. Construit au Xe siècle par Conrad III de Bourgogne et agrandit par la famille des Montfalcon de Montbéliard au XIIIe siècle, puis celle des Chalon-Arlay au XVe siècle, le château d’Orbe est malheureusement détruit au XVIIIe siècle par les confédérés suisses, ne nous laissant aujourd’hui que de maigres vestiges. Pourtant, le donjon quadrangulaire du site permet encore d’observer une curieuse ouverture, dont la morphologie est extrêmement rare.


(Ci-dessus : ouverture de tir pour arme à feu du château d'Orbe)


Cette ouverture se présente sous la forme d’une baie de jour à arc brisé dans laquelle l’appui a été aménagé à la façon des archères-canonnières, c’est-à-dire en y pratiquant un creusement de forme circulaire. Cette fenêtre, trop fine pour y utiliser un affût en bois semblable à celui des fenêtres-canonnières, se sert en effet de son espace de jour comme d’une mire de visée, permettant au passage d’évacuer les fumées toxiques produites lors du tir à l’arme feu. Cette forme d’ouverture de tir est très intéressante, mais aussi extrêmement rare puisqu’il s’agit de la première occurrence de ce type recensée par le projet canonnières d’Europe. Bien qu’il s’agisse probablement d’un unicum, le site d’Orbe nous pousse donc à reconsidérer nos connaissances relatives aux ouvertures de tir anciennes, car il est possible que ce type d’ouverture donne naissance à une nouvelle famille de bouche à feu, inhérentes à des usages particuliers de l’arme à feu.


Source des illustrations : swisscatles.ch.

Article par M. Messner.


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